« Tout le monde me dira NON… »
« Tout le monde vous dira NON«
Hubert Mansion
(Autour du livre – octobre 2010)
Cher Hubert Mansion, c’est vous qui l’écrivez. Chers lecteurs, c’est moi qui l’expérimente. Car je suis bien le cœur de cible à qui vous adressez ce livre, Hubert, et je me dois en retour de vous consacrer ces quelques lignes. Pourquoi ? D’une part parce que c’est toujours bon de faire la promotion d’un ouvrage qui a de l’intérêt, et d’autre part parce que cet ouvrage me semble être une bonne introduction. Une introduction à quoi ? Au lancement d’un projet musical quel qu’il soit, et du mien en particulier.
Non Chloé, ta musique ne passera pas en radio. Non Chloé tu ne trouveras pas un public. Non Chloé c’est trop un répertoire de « niche ». Non Chloé personne ne suivra… Le système dominant me dira Non. Or, en tant qu’artiste aujourd’hui, qu’on décide d’évoluer selon des règles établies ou de les contourner, il faut bien admettre que dans les deux cas on se réfère à un système donné. Et il me semblait indispensable de connaître les rouages de ce « système qui me dirait non » avant d’entreprendre quoi que ce soit. C’est donc une des raisons qui m’ont poussées à acheter votre livre (oui, j’ai bien dit « acheter« ), et une des raisons qui me poussent à en parler aujourd’hui.
Une présentation succincte s’impose pour ceux qui ne vous connaitraient pas encore : Avocat international, spécialiste de l’industrie musicale depuis 25 ans, cher Hubert Mansion vous nous proposez dans votre livre un décryptage de l’industrie du Show-biz dans son ensemble. Derrière un titre évocateur « Tout le monde vous dira NON » se cache une analyse claire et assez complète du fonctionnement de l’industrie musicale, des réponses à des questions simples que tout le monde se pose et auxquelles personne ne répond jamais, et un positionnement critique et expérimenté qui sonne au final assez juste.
Je recommande la lecture de cet ouvrage à tous ceux qui souhaiteraient se faire une idée un peu plus précise de ce monde opaque et complexe. Un monde pas toujours très rationnel, pas toujours plus artistique que les autres, particulier certes, mais fondé sur des principes bien connus du modèle plus général : Business is business, le talent seul n’est pas un facteur clé, pas plus que la Qualité, le Biz est aussi important que le Show (et sans doute plus que les bises), Internet ne sauvera pas tous les Auto-produits, l’identité d’un artiste se façonne, il y peu de vérités en dehors de celles qu’on construit, il existe bien des recettes du succès, la crise de l’industrie ouvre de nouvelles voies (même si visiblement sur ce point vous ne croyez pas vraiment aux alternatives) et bien d’autres aspects clairement exposés – cette énumération ne se voulant ni exhaustive ni une synthèse de ce que vous avancez…
Je tiens ici à saluer la prise de risque. Car le sujet que vous traitez peut s’avérer difficile. En vous adressant, entre autre, à de futurs dépressifs (ci-dénommés les artistes) auxquels tout le monde dira vraisemblablement non – ceux auxquels on a dit oui étant moins susceptibles d’apprécier l’utilité de votre ouvrage (notez que je ne partage pas ce point de vue), vous auriez pu tomber dans l’enfonçage de portes ouvertes à la manière de certains Best-seller Américains : Pseudo Gourou-Auteur prétendant changer notre vision du succès (terme souvent confondu avec celui de Bonheur ultime) à travers quelques poncifs manipulatoires se référant à des travaux obscurs de pseudo-scientifiques qui étayent quelques banalités déconcertantes…
Vous ne tombez pas dans le piège et la lecture de vos analyses fait autant rire (peut-être faudrait-il en pleurer parfois…), qu’elle nous renseigne sérieusement sur un business mystérieux que vous semblez connaître et maîtriser en profondeur.
Hubert, vous ouvrez des portes sans les enfoncer ! Même si à la lecture de votre ouvrage, l’artiste que je suis n’a pu s’empêcher de relever que vos conseils de juriste apparaissent comme quasi nécessaires à ma survie… mais je ne saurai vous le reprocher car sur le fond vous avez probablement raison… (cf. p.247). Un ouvrage particulièrement agréable à lire – je profite d’ailleurs de ce moment pour saluer votre mère que j’ai presque la sensation de connaître en refermant le livre, espérant secrètement qu’elle achètera mon disque un jour 😉
Mais je ne suis pas Madonna (on l’aura remarqué), ni Michael Jackson (c’est encore plus évident), le pire étant que je ne souhaite pas leur ressembler. Tout le monde me dira Non, et en plus ça risque de durer… Alors pourquoi lire ce livre ? A quoi sert de visualiser l’envers du décor ? A quoi sert de comprendre les rouages d’une industrie alors même qu’on pense évoluer en dehors ?
A avancer. Car au fond, qui peut prétendre être totalement en dehors du système ? Dés lors qu’on souhaite vivre de sa musique d’une façon ou d’une autre, on intègre un certain nombre de cercles et de règles qui participent tous à la structuration du dit Système dans son ensemble. Qu’on parle de musique « savante » subventionnée par l’état, de compilations de la star Ac’, de musiques contestataires ou de productions indépendantes, on parle bien d’un système constitué de sous-systèmes qui interagissent entre eux – un écosystème global « musique » auquel on peut difficilement se targuer de ne pas appartenir, d’une façon ou d’une autre. Et c’est une bonne nouvelle. Car cela signifie qu’on peut agir dessus. Or pour agir, critiquer, transformer, dépasser, avancer dans un système donné, mieux vaut essayer de se faire une idée assez précise des fondations et de la structure principale.
Merci Hubert Mansion pour cet éclairage. Un seul regret à la lecture de vos pages, je n’ai pas trouvé la recette miracle du succès infaillible du projet de Chloé Laum. Dommage !
J’y vais quand-même. Je m’en vais créer une place pour mon projet, d’un pas décidé, léger et exigent, guettant frénétiquement ce jour ou je lirai sur les lèvres d’un programmateur Radio ou d’un journaliste un mot que je n’avais pas entendu prononcé et qui me transpercera les tympans : « oui ! ». Ce jour là Hubert, je vous appelle pour tout vous raconter, et peut-être bien que je vous vendrai un disque que vous pourrez toujours offrir à votre maman pour Noël ;-)…